27 novembre 2022 1er dimanche de l’Avent, année A – Mt 24, 37-44
En commençant aujourd’hui notre Avent, la liturgie de l’Église met de l’avant notre préparation à l’accueil de l’Emmanuel, le Dieu parmi nous. Nous rencontrerons des personnages intéressants : Isaïe, Jean-Baptiste, Joseph et Marie, et bien sûr Jésus. Les grands événements se préparent sinon on peut passer à côté de l’essentiel. Il est devenu banal de le dire : ce Noël ne ressemblera à aucun autre. Certainement pas à celui des deux dernières années, mais pas non plus à ceux de notre enfance. Comment alors nous préparer à celui-ci, si nous voulons qu’il ait une signification réelle pour notre vie ?
L’évangile qui nous est présenté ce dimanche est tiré du chapitre 24 de Matthieu ; il emploie le style apocalyptique très à la mode dans la littérature juive depuis le prophète Daniel. Jésus l’utilise lui aussi pour parler de la fin des temps. Il pourra nous paraître déconcertant mais accueillons-le pour ce qu’il est. Comment nous préparer à la venue de Jésus ?
Au début du chapitre, les disciples avaient posé la question à Jésus : quel sera le signe de ta venue et de la fin du monde ? Ils veulent connaître la date. Jésus va leur répondre par cinq paraboles, dont nous lisons les deux premières aujourd’hui ; la plus connue, celle des dix jeunes filles qui attendent l’époux, vient à la suite. Toutes ces paraboles n’indiquent pas une date mais plutôt une attitude : veillez, soyez prêts, soyez vigilants.
Il est si facile de se laisser distraire par la vie trépidante et souvent superficielle que nous vivons, en tous cas que nous propose notre société. Noël s’en vient : achetez, achetez, achetez… J’ai entendu à Tout le monde en parle : « Je suis athée mais Noël, je ne m’en passerais pas. » Où allons-nous avec ça ?
« Vous ne savez ni le jour ni l’heure. » Ces paroles de Jésus ont de quoi effrayer. Viendra-t-il comme un voleur en pleine nuit ? Y a-t-il un déluge ou quelque autre catastrophe mondiale en préparation ? La menace de l’arme nucléaire et la désintégration du monde tel que nous le connaissons ? C’est cela l’apocalypse d’aujourd’hui. Rassurez-vous : celui qui va naître dans la crèche de Bethléem, c’est le prince de la paix. Le prophète Isaïe nous le dit en image dans la première lecture d’aujourd’hui : « De leurs épées ils forgeront des socs et de leurs lances des faucilles. Ils n’apprendront plus la guerre. »
Rester éveillés et vigilants voudrait peut-être dire qu’il faut ajuster nos attentes au rêve de Dieu pour notre humanité. Au temps de Jésus, les Juifs attendaient un tout autre Messie : un roi puissant, capable d’écraser l’occupant romain, de rétablir la souveraineté et la gloire de son peuple. Voilà que se présente à lui un sans-abri, venu d’un village inconnu de Galilée. Est-ce là l’étoffe d’un leader ? Pas étonnant pour eux qu’il va finir sa vie sur la croix. Mais pour nous, qui attendons-nous vraiment ?
Le rêve de Dieu ne serait-il pas que se construise petit à petit un monde plus humain où règnent la justice, l’harmonie et la paix ? Pour que cela advienne, Dieu a besoin de nous, que nous devenions des partenaires. Non pas à l’échelle mondiale, mais à l’échelle de notre famille, de notre quartier, de notre lieu de travail ou de loisir. Il nous demande d’y mettre du cœur, un désir de voir plus large, plus grand tout en nous occupant de celui et celle qui est laissé à la marge ou dont le handicap ou la situation financière oblige à marcher plus lentement.
L’attente du Sauveur nous gardera ainsi en éveil assurément.
Père Gilles Blouin, assomptionniste